

Penser et agir ensemble
pour changer le monde ici et maintenant
dans le sens de la justice sociale et environnementale

"Se mobiliser contre l'extrême droite"
Texte co-écrit par le petit théâtre (équipe, organe d'administration, bénévoles) et partagé publiquement dans le cadre de l’événement de mobilisation contre l’extrême droite le 1er mars 2025
Nous nous alarmons de la montée de l’extrême droite, ainsi que de la radicalisation de la droite dite traditionnelle, en Belgique, en Europe et ailleurs dans le monde !
On se prend douche froide sur douche froide.
En Belgique, depuis les dernières élections, une vague bleue déferle sur la Wallonie, tandis que la Flandre doit gouverner avec un Vlaams Belang toujours plus important. A l’échelle fédérale, la coalition Arizona menée par Bart De Wever annonce un recul préoccupant des droits sociaux et des droits des étrangers, un recul de la politique environnementale, un virage sécuritaire et une criminalisation croissante de la contestation.
Plus qu’une douche, c’est une avalanche de grêle et de giboulées verglacées.
En Europe, l’extrême droite gouverne (en coalition avec d’autres partis) en Italie, aux Pays-Bas, en Autriche, en Grèce, en Finlande, en Slovaquie, en Croatie… et dans une certaine mesure, en Suède et en Pologne. Tandis qu’en Hongrie, l’extrême droite est seule au pouvoir depuis 2010 dans le chef de Viktor Orban.
En France, le Rassemblement National continue de percer ; de même en Allemagne avec l’AfD.
Au parlement européen, les groupes d’extrême droite réunis constituent aujourd’hui la deuxième force politique, à un siège près derrière la première. La vice-présidence de la commission européenne a été accordée à un membre du parti italien d’extrême droite de Giorgia Meloni.
Et cette vague sombre ne se limite pas à l’Europe occidentale. Pour ne citer que quelques exemples :
Du côté de l’Amérique latine : le gouvernement de Javier Milei en Argentine ; le gouvernement de Jair Bolsonaro au pouvoir au Brésil jusqu’en 2022 et l’extrême droite risque bien d’y revenir. Du côté de l’Asie, l’Inde vit sous un gouvernement d’extrême droite mené par Narendra Modi depuis plus de 10 ans et les dégâts sont incommensurables…
Citons encore : la Russie autoritariste et expansionniste sous le régime de Vladimir Poutine, la Turquie autoritaire et conservatrice islamiste du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan.
En Palestine, le dirigeant israélien Benyamin Netanyahou mène une entreprise génocidaire, soutenue par plusieurs gouvernements et partis au niveau international, malgré un mandat d’arrêt international à son encontre.
Et puis aux Etats-Unis, il y a la réélection de Trump, son alliance avec l’oligarchie mondiale et les mesures controversées prises dès son ascension au pouvoir !
Il est essentiel de le nommer pour mieux le combattre : le fascisme est de retour.
Ce qui nous alarme, au-delà des urnes et de l’installation au pouvoir de partis d’extrême droite, c’est la banalisation de ses discours !
Et dans cette Histoire qui se répète, la cible, c’est toi,
la cible, c’est moi,
la cible, c’est nous,
la cible, c’est l’étranger, l’étrangère, la personne migrante, la personne sans-papier, celui ou celle qui n’a pas la peau blanche,
la cible, c’est les plus vulnérables et les plus précaires, c’est la personne sans-abri, les personnes demandeuses d’emploi, les personnes pensionnées, “les assisté·e·s sociaux” comme iels les appellent,
la cible, c’est les femmes, les féministes, les personnes transgenres, les personnes queers, les personnes homosexuelles, la cible c’est les soi-disant “wokes” comme iels les appellent,
la cible, c’est celui ou celle qui s’indigne, qui résiste, les activistes, les syndicalistes,
La cible, c’est l’égalité entre les êtres humains, le droit à disposer de nos corps de femmes,
la cible, c’est la liberté d’expression, d’opinion et de contestation, c’est les médias qui ne ne leur obéissent pas,
la cible, c’est les droits civiques, la démocratie, la liberté, l’égalité, la justice,
la cible, c’est la solidarité, les droits sociaux et la sécurité sociale, les droits humains fondamentaux,
la cible, c’est les services publics, les soins de santé, l’Éducation et l’enseignement, les transports,
la cible, c’est les pailles en carton, c’est notre planète et les fleurs sauvages, c’est la licorne arc-en-ciel, c’est les paillettes et l’espoir,
la cible, c’est la Vie et l’amour pluriel !
Face à tout ça, au climat anxiogène dans un contexte de multiplicité de crises qui traversent nos sociétés et la planète, je sais pas vous, mais nous on se sent parfois submergé·e·s par l’impuissance, la sidération, la peur, la colère… devant cet horizon glacial…
Antonio Gramsci avait prédit : « Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître, et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres ».
Dans ce clair-obscur, nous aimons nous rappeler l’impermanence des choses, que rien n’est immuable. Pour croire au retour de la lumière.
On aime aussi se rappeler la force de vie, celle qui fait se tenir debout, aux quatre coins de la planète, des personnes qui luttent pour la justice sociale et la justice environnementale et qui font vivre la solidarité.
On aime aussi se rappeler qu’iels ont mis en place toute une machine de communication qui donne l’impression qu’iels ont tout gagné pour nous faire perdre espoir, alors que ce n’est pas le cas.
On aime se rappeler que l’extrême droitisation de la société se fait avant tout par le haut, comme nous l’ont montré les enquêtes sociologiques. On aime se souvenir que la majorité de la population est encore aujourd’hui contre l’extrême droite, et que la jeunesse lorsqu'elle est prise au sérieux va plutôt s’engager pour l’égalité et la liberté (comme en Allemagne et en France aux dernières élections).
Oui mais on fait quoi alors, face aux monstres ?
Nous n’avons pas toutes les réponses, mais tout de même quelques pistes qu’on voudrait vous partager :
S’informer, se mobiliser, résister, lutter, ensemble, tisser des liens et nouer des alliances, construire un rapport de force, s’auto-organiser, faire vivre des alternatives locales qui rendent compte d’un autre monde possible,
Tendre la main vers notre voisin ou voisine, chercher à comprendre la colère de celles et ceux qui sont séduitEs par ces discours d’extrême droite, leur parler, les écouter, leur montrer l’hypocrisie et les mensonges de ceux qu’iels écoutent, sortir de notre entre-soi confortable mais mortifère, construire des ponts au-dessus de leurs murs, identifier nos propres mécanismes d’oppression systémique,
Prendre soin de celles et ceux qui nous entourent, se soutenir, jusque dans les plus petites choses, et en particulier celleux qui en ont le plus besoin, accueillir les personnes migrant·e·s, montrer là où se situe la vraie vie qui vaut la peine d’être vécue, dans le soin et la solidarité, dans nos communautés plutôt que dans l’isolement,
Combattre l’extrême droite dans les urnes, empêcher les mouvements d’extrême droite de se réunir et de s’organiser, apprendre à se défendre et les empêcher d’agresser des personnes, rejoindre ou créer son groupe antifasciste local, rejoindre d’autres initiatives qui font l’inverse de leur projet mortifère.
Nous sommes beaucoup plus nombreux·euses et diversifié·es, c’est cela notre force et iels le savent.
Il s’agit aussi de les empêcher de gagner sur le terrain du récit et des idées,
Se barrer de Facebook, de Whatsapp, d’Instagram et de X, pour aller sur Mastodon, Signal, Pixelfed et BlueSky, se barrer de son écran pour aller sur la place du village,
Nourrir la lumière et la force de vie pour trouver le courage de résister à l’extrême droite et son monde… Vive les liens, la musique, la créativité, l’art et la joie !
La joie comme acte de résistance, la joie militante pour lutter ensemble, car comme Deleuze l’a dit : « Le pouvoir exige des corps tristes. Le pouvoir a besoin de tristesse parce qu’il peut la dominer. La joie, par conséquent, est résistance, parce qu’elle n’abandonne pas. La joie en tant que puissance de vie, nous emmène dans des endroits où la tristesse ne nous mènerait jamais».
C’est un peu tout cela qu’on avait en tête en organisant l’événement d’aujourd’hui!
